C'est notre histoire... Notre parcours dans la procréation médicale. Les hauts, les bas de notre quotidien, au jour le jour ou presque... Pour évacuer, pour se souvenir, pour raconter plus tard à ces enfants... Pour que notre galère ne soit jamais oubliée!
Aujourd'hui, nous sommes les parents comblés de petites jumelles éprouvette. Ce blog relate également leur naissance prématurée et leur quotidien.

mercredi 2 octobre 2013

Retour sur ma grossesse

Ce n'est pas un secret, je n'ai pas aimé être enceinte...
Attention, qu'on ne se méprenne pas. J'ai adoré attendre mes filles, j'ai adoré savoir qu'elles étaient là, et qu'elles arriveraient un jour, mais je n'est pas aimé cet état d'être enceinte.
Et pourtant, aujourd'hui, je pleure tous les jours, parce que je ne suis plus enceinte. Parce que ces 2 mois amputés me manquent. Parce que en fait, je n'ai jamais profité de ce "statut" de femme enceinte.

Je n'ai pas aimé être enceinte pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai été malade a crever (et encore, le mot est faible) pendant 4 très longs mois. Mois pendant lesquels j'alternais entre l'envie de me pendre, de me tailler les veines, de passer sous un train... Bref, des mois longs et douloureux. Surtout quand on ajoute par dessus son activité professionnelle débordante à cette période précise.
Quand j'ai eu fini de gerber, j'ai eu extrêmement mal au niveau de l'ovaire droit pendant 2 longues semaines. Ce qui m'a valu d'aller faire un petit tour d'urgence à la Clinique à Miracles pour m'entendre dire que c'était ma constipation qui me comprimait les organes (en gros).
Ensuite, j'ai eu 1 mois 1/2 à peu prêt tranquille. J'étais en vacances. J'ai donc pu profiter d'aller à la piscine, de préparer l'arrivée de mes poupettes...
Après ce mois et demi où j'ai enfin pu profiter un peu de ma grossesse, j'ai été hospitalisée jusqu'à mon accouchement à 7 mois.
Voilà comment résumer une grossesse dans mon univers...
J'ai passé mon temps à me plaindre, à gémir, à dire que je n'aimais pas être enceinte. A jurer par tous les Dieux qu'on ne m'y reprendrait pas, que ce serait ma seule et unique grossesse, qu'on  ne pouvait rien faire enceinte parce qu'on a toujours mal quelque part, qu'on ne peut pas manger tout ce qu'on veut au risque de le payer très très cher sur la balance, que j'en avais marre d'avoir toujours mal à l'estomac... Et aujourd'hui, je regarde en pleurant les femmes enceinte, je regrette ma grossesse, mon gros ventre me manque...
Après discussion avec la psy à ce sujet, je souffre en fait de ne jamais avoir pu profiter de ce statut tellement envié de femme enceinte. Quand mon ventre a commencé à se voir et que j'aurais pu profiter du regard bienveillant des gens, on m'a clouée dans un lit d'hôpital. Je n'ai vécu de la grossesse que les mauvais côtés sans jamais pouvoir profiter et abuser du fait d'être enceinte. Je sais que c'est une situation qui ne se reproduira pas, et je souffre de ne pas pouvoir partager cet enthousiasme qu'ont (ou ont eu) toutes les femmes enceintes.
Le soir, devant la télé, il m'arrive encore d'approcher les mains de mon ventre en pensant le sentir encore tout rond... Et non, c'est le plat le plus total.
Chaque jour qui passe, je me dis "si je n'avais pas accouché, je ferais si ou ça"... Aujourd'hui, nous sommes à 35+2SA, si je n'avais pas encore accouché, je serais sortie de la clinique à Miracles. Je devrais rester alitée, mais je pourrais de nouveau profiter de mon chez moi avec mon gros ventre. Je pourrais finir de ranger les affaires de mes poupettes avec elles (dans mon ventre). Je serais sur le qui vive d'un éventuel accouchement proche. Je me plaindrais qu'il est grand temps que mes pepettes sortent parce que je serais au bout du rouleau...
Toujours selon la psy, c'est un état assez normal. La grossesse est faite pour durer 9 mois. Le corps et l'esprit ont besoin de ces 9 mois pour mûrir tous ces changements. Et il semblerait que jusqu'au terme je vais continuer à me projeter sur une grossesse qui n'est plus...
J'en suis au point de m'en vouloir de ne pas avoir aimé être enceinte.... Je suis un peu torturée, mais je suis hantée par ce manque. Dès que je ferme les yeux, je vois mon ventre rond. Dès que je regarde mes pepettes, les larmes me montent aux yeux parce qu'elles devraient être encore dans mon ventre. En écrivant ce billet je pleure comme une madeleine parce que j'exprime tout ce mal être qui tourne autour de ma grossesse...
Est ce que c'est ça le baby-blues? Est ce que c'est ressasser tout ce qui aurait dû être et qui n'est pas? Est-ce que c'est revenir sans cesse et sans cesse sur le passé et ne jamais penser à l'avenir?

Je repense aussi beaucoup à cette nuit où j'ai rompu la poche des eaux. A tout ce qui a suivi jusqu'à l'accouchement. Il me reste un bon, voire même excellent souvenir de cette nuit là. Je garde également un très bon souvenir de mon accouchement, même si c'était une césarienne. Ensuite, la série noire a commencé. Je l'occulte un peu. Même si j'en parle beaucoup. J'ai l'impression que ce n'est pas à moi que c'est arrivé. Pourtant, vu tout ce que je pleure encore en en parlant, je me dis que si, c'était bien réel.

Les filles grandissent et grossissent bien. Rose fait aujourd'hui 2.160kg, et Jade faisait hier 1.985kg. Elles prennent en gros 50g par jour. De vrais champignons.
Rose est passée a 7 rations de lait par jour. Jade est encore à 8.
Elles recommencent a faire des betises au scop depuis qu'elles commencent a prendre des bibs. Du coup, elles ont du lait epaissi.
Rose passe son temps à faire des ralentissements cardiaques et des dessaturations quand elle prend un bib, et même avec sa sonde d'ailleurs, et Jade recommence a avoir une mauvaise saturation aussi.
Une impression de retour en arrière. Alors bien moins grave, mais j'aimerais qu'elles comprennent qu'on ne s'arrête pas de respirer quand on mange... Le pediatre dit que ça viendra...

Dans le cadre du suivi des bébés nés grands préma (avant 33SA), on a tout un protocole de rdv à suivre jusqu'aux 7 ans de nos pepettes. Divers rdv pédiatres, psychomot, psychologue, ophtalmo... C'est tout d'abord pour établir une étude sur les éventuels retards des grands premas, et si quelque chose est décelé essayer de le régler au plus tôt plutôt que d'attendre que l'enfant soir à l'école pour se rendre compte d'un problème.

Nous allons également peut être pouvoir bénéficier de la vaccination contre la bronchiolite. C'est un vaccin à faire tous les mois. Normalement, ce sont les enfants nés avant 32SA avec de gros problèmes respiratoires. Nous, elles sont nées à 32+4SA, mais avec d'énormes problèmes respiratoires. On va donc être inscrit sur la liste des demandeurs... Quelque part, j'aimerais bien qu'on nous accepte, parce qu'à la réa-neonat de Jade, on nous a prévenu que le 1er hiver risquait d'être bien compliqué à ce niveau là...

Les filles passent demain leur 3ème echo du cerveau. Toujours à la recherche d'éventuelles séquelles neurologiques suite à leurs problèmes respiratoires. De la simple prévention... Elles auront aussi un electro-ancéphalogramme (je sais pas l'ecrire...) avant leur sortie. Sortie qui n'est encore pas prête d'être validée, je vous rassure!

Bref, être maman de bébés prématurés, c'est compliqué (être maman tout court aussi, je le sais bien). Sur un plan psychologique surtout parce qu'on se sent amputé de quelque chose difficile à définir...

11 commentaires:

  1. Je te souhaite du courage pour passer à travers les baisses de moral. Le fait que tes filles soient encore à l'hopital y est sans doute pour beaucoup... Imagine quand vous serez à la maison tous les 4: ce sera fantastique!
    Bisous

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    1. Merci! J'ai du mal à réaliser qu'un jour on rentrera à la maison tous les 4 (et qu'on aura plus de nounou pour leur donner leur alimentation la nuit...). J'ai hâte et peur à la fois... On a pas fini d'aller vérifier qu'elles respirent...
      Bisous

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  2. je pense aussi que c'est carrément l'image d'épinal que la société nous donne de la grossesse qui fait que maintenant tu es dans cet état ; qui dit enceinte dit épanouissement... même dans tes mots, tu demeurent convaincue du fait que c'est mieux chez les autres la grossesse... certes, comme dans tout domaine, il y a des plus chanceux que d'autres...mais quand on s'arrête pour parler avec les gens on s'aperçoit bien vite que les autres ont aussi des soucis, plus ou moins grave, mais qu'au final la grossesse n'est pas un long fleuve tranquille... tu as celles qui sont malades comme toi, celles qui sont alitées depuis le début, celles à qui on découvre une malformation ou maladie à l'enfant et j'en passe.... de surcroit tu as eu une grossesse gémellaire donc avec des risques ++++ ; effectivement tu n'as eu qu'un mois et demi de bien...mais tu as fait de belles choses (voyages..) pendant cette période et c'est ça que tu dois retenir ! le positif !!!! je suis alitée depuis 20 sa ; certes à la maison mais je t'assure que ca n'est pas drôle ; j'en suis à 31 SA +4 et je me dis juste que ce qui compte c'est d'aller le plus loin possible et ne surtout pas s'apitoyer sur les cas de grossesses dites normales... l'état de grossesse n'est en rien normal ! maintenant penses à tes petites, bisouttes les, bichonnes les et soyez heureux tous les 4 !

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    1. Tu as entièrement raison concernant l'image d'epinal! Mais pourquoi n'est-il pas correct de dire qu'une grossesse ça nous "ermmer*e"! Pourquoi faut-il toujours avoir l'air si épanouie et heureuse d'être enceinte. Oui, plein de cas de grossesse sont difficiles. Mais quand j'écoute les filles autour de moi, quand je les regarde enceinte, j'ai l'impression que c'est le 7ème ciel!
      Bref, je me tourne évidemment vers l'avenir, mais en ce moment, je ne peux m'empecher de ressasser cette grossesse. Selon la psy, c'est normal. J'ai besoin d'en faire le deuil. Une grossesse terminée bien trop tôt laisse un goût amer.
      Je te souhaite sincèrement d'aller le plus loin possible et de mener cette grossesse dans les meilleurs conditions!

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    2. en prime on a le parcours pma en arrière plan qui nous fiche la trouille et nous marque à jamais ; je pense que cela participe pleinement au fait qu'on ne puisse (malheureusement) vivre pleinement une grossesse... nous avons perdu cette pseudo insouciance liée à cette phase de vie.... Mais quelque part ce parcours atypique fait notre force ; nous avons déjà prouvé de quoi nous étions capable ... et il est toujours facile pour les autres de nous en foutre plein la vue ; genre mais la grossesse c'est la consécration.... Perso, j'ai arrêté de me comparer, parce que quand tu grattes le vernis, les filles à grossesse idyllique et bien elles sont comme nous : elles luttent contre les vergetures, la rétention, les hémorroïdes.... elles ont une vie sexuelle de merde pour x ou Y raisons, elles luttent pour pas trop prendre de poids, ont les doigts qui gonflent... bref elles sont comme toi et moi finalement ! non mais ! fais aussi un bilan de ces 7 mois : tu as porté la vie, tu as donné la vie, tu les as menées le plus longtemps possible, tu n'es responsable de rien et finalement tu es ptet passée à travers les vergetures, la rétention d'eau, les mollets enflés, le diabète gestationnel, les boutons sur la tronche.... moi c'est ce que je fais ! bon ok, j'ai un col leader price qui me fait flipper ma race, alitée, mais en positif, mon couple a réussi à s'adapter sans heurs, j'ai pas trop pris de poids, je gonfle pas, je m'assume physiquement... ce sont mes petites victoires à 7 mois ; le mois prochain ce ne sera ptet pas les mêmes mais prenons du positif quand il y en a. En attendant, tu es une maman, l'héroïne de tes petites ! c'est la plus belle des réussites ! te mets pas la pression et prends le temps du deuil ; il est autant positif pour toi que pour tes petites...

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    3. Tu as tellement bien écrit que je ne sais quoi répondre... C'est ce que je me dis en me regardant: pas de vergetures, pas de poids en plus (au contraire), pas d'acné pendant ma grossesse (bon, ça revient après...)... Et tu as raison, en soit c'est une victoire. Aujourd'hui quand je me regarde dans un miroir, je me reconnais, et c'est déjà pas si mal.
      Oui, j'ai tendance à me mettre la pression sur tout, tout le temps. Tu as raison, il faut un peu de temps et laisser faire les choses.
      Repose toi bien, beaucoup, pou mener au plus loin cette grossesse!
      Bisous

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  3. Coucou,
    Et bien tu as l'air mal ma belle.
    Mais ne t 'affole pas , c'est normal, je suis jamais passé par là mais entre tout ce que tu as traversé de ce qui n'est pas habituell, l'inquiétude de la séparation et de la santé des petites et les hormones qui chutent.....c'est un explosif pour le moral.
    C'est une mauvaisse passe et je suis sûre que ça ira très vite mieux, tu fais très bien d'extérioriser tout ça à mon avis.Courage.Bisous

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    1. Merci. Je pense que c'est une sorte de baby-blues. La chute des hormones... Tu as raison, un cocktail explosif! Mais je profite de mes poupettes en parallèle. Et ça, ça fait du bien. Petit à petit je me sens maman de ces 2 beaux bébés!
      Bisous

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  4. Ou la la comme ça me rappelle des choses!!!! Je suis la maman d'une belle et grande jeune fille de 14 ans... née à 27 semaines et 2 jours et pesant 790 gr!!!!!!!!!!!!!!!!! donc les 3 mois de grossesse manquants je connais, les sats, les bradycardies et le reste aussi.............. mais... ça fini un jour par ne plus être qu'une mauvais souvenir... d'autant plus quand on a la chance que notre enfant n'ait aucune séquelle... pareil pour le suivi........ je sais ce que tu traverses, mais d'ici quelques semaines, quand tes puces seront rentrées ça sera plus facile.. tu oublieras pas... mais elles seront là avec toi, avec vous...

    Bisous d'une lectrice dans l'ombre!
    silvia

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    1. Merci 1000 fois pour ce témoignage et aussi d'être sortie de l'ombre!
      Oui, un jour ce ne sera qu'un souvenir... Je pense en effet qu'on ne peut pas oublier toute cette angoisse, cette peur... Bien que je m'estime chanceuse d'avoir tenu jusqu'à 32SA...
      Bisous

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  5. Si j'avais eu internet il y a 14 ans, j'aurai tellement voulu savoir que tout pouvait aller bien, qu'un jour ce serait derrière moi... que même encore 14 ans après en effet, dès que je peux, je le dis aux mamans qui passent par là...

    Bisous

    Silvia

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